Devenir enceinte; une expérience enrichissante pour certaines et inquiétante pour d’autres. Pourquoi inquiétante, me direz-vous ? Il existe différentes croyances qui peuvent causer des inquiétudes, entre autres vis-à-vis de la sexualité durant la grossesse. Nous allons donc éclaircir quelques croyances ensemble à savoir si elles sont vraies ou fausses. De plus, je vous donnerai quelques idées pour pimenter votre vie sexuelle!
Il existe différentes croyances concernant la sexualité et la grossesse. Sûrement en avez-vous entendu plusieurs ? En voici quelques-unes qui figurent parmi les plus répandues.
Le bébé ou la mère aura mal ; le bébé aura des réactions violentes; le bébé sera voyeur.
• La peur de faire mal au bébé ou à la mère est une croyance encore très répandue, de même que la peur que le bébé agisse mal plus tard, ou devienne voyeur. Ces peurs sont non fondées puisque le bébé est très bien protégé. Autour du bébé, le liquide amniotique, qui est retenu par le placenta, protège donc le bébé contre les coups lors des relations sexuelles, puisqu’il agit comme amortisseur. Tout au plus, bébé sera bercé ! Si la mère ressent de la douleur, ce pourrait être causé par plusieurs éléments : soit la position abordée n’est pas confortable, soit il y existe une sécheresse au niveau du vagin qui est parfois causée par les hormones, ou alors il est possible qu’il existe une contre-indication de relations sexuelles spécifique à cette grossesse qui sera déterminée par un médecin. Puisque le bébé est dans une poche protectrice, il ne peut en aucun cas sortir à l’extérieur de l’utérus. Lors de la pénétration, le pénis de l’homme se rend dans le vagin, mais ne se rendra pas jusqu’à l’utérus.
La femme enceinte n’a pas d’orgasme ; elle n’est plus intéressée par le sexe.
• Et bien, c’est faux ! La femme enceinte a encore les mêmes capacités orgasmiques qu’avant sa grossesse, par contre, le taux des hormones peut influencer le désir sexuel. C’est variable selon chaque femme. À compter du deuxième trimestre de la grossesse, l’orifice vaginal est réduit de 75 % à cause de la vasocongestion (sang situé à l’intérieur des parois vaginales) ! En plus, il se crée un processus durant la grossesse, l’irroration sanguine, qui augmente la quantité de sang dans les organes génitaux, ce qui aide à la lubrification, à l’élasticité du vagin, et facilite la réponse orgasmique (Borelli, 2011). Donc on ressent plus les sensations au niveau du vagin !
Les bébés ressentent le plaisir pendant la relation sexuelle.
• Vrai. Par contre, le plaisir ressenti n’est pas sexuel. Le bébé ressent une forme de plaisir grâce aux hormones qui sont libérées par la femme lors de la relation sexuelle, mais il ne sait pas d’où vient le plaisir, et ce qu’il représente. Le bébé se laisse bercer au rythme des vagues que produit l’utérus de la maman, surtout durant l’orgasme. Un bon massage pour bébé !
Le désir pendant la grossesse
L’idée que la femme enceinte aura une baisse du désir sexuel est la crainte de plusieurs hommes et femmes. C’est tout à fait possible, considérant que les hormones varient durant la grossesse, et influencent les états d’âme de la femme. Durant la grossesse, les spécialistes ont observé qu’il y avait une diminution de la pénétration sexuelle, mais une augmentation des câlins, de la masturbation (seule ou en couple), ainsi qu’une augmentation des rapports oraux (Borelli, 2011). Donc les couples se trouvent d’autres activités pour compenser la baisse de relations sexuelles complètes. Pour bien vivre cet aspect de la grossesse, il faut garder en tête que la sexualité va fort probablement changer, peut-être pas nécessairement comme on le voudrait, mais qu’elle pourra reprendre son rythme après l’accouchement. Pour les couples qui ont une sexualité mécanique, c’est-à-dire ceux qui ont sensiblement toujours le même rythme, cette adaptation risque d’être plus complexe, mais possible avec un bon état d’esprit.
Puisque la sexualité est changeante durant la grossesse dans la plupart des cas, pourquoi ne pas en profiter pour réinventer sa sexualité ? Essayer de nouvelles pratiques, modifier les positions, partager ses fantasmes et ses préférences… Voici quelques idées que vous pourriez essayer et voir si vous aimez :
Environnement
• Le classique dans la chambre, mais avec lumière tamisée… Ambiance intime aux chandelles, un déshabillé sexy, une petite musique ou un film osé. Peut-être que tous ces éléments réussiront à mettre en place une excitation partagée !
• Pour pimenter un peu les choses, pourquoi ne pas s’amuser dans une autre pièce de la maison ? Dans le salon, ou encore dans la salle de bain pendant la douche ou le bain, tant qu’on est confortable, l’imaginaire peut se laisser aller.
• Si vous êtes du genre à aimer l’inconnu et tenter de nouvelles activités parfois un peu risquées, pourquoi ne pas vous exciter dans un lieu autre que votre chez-vous ? Que ce soit dans un lieu public, ou chez quelqu’un d’autre, agacer l’autre dans le but de l’émoustiller et vivre une relation sexuelle fougueuse plus tard à la maison peut être amusant. Et qui sait, peut-être que ce sera ailleurs qu’à la maison…
Positions
• La levrette (ou le petit chien) : cette position permet à la femme de contrôler la profondeur de la position, donc elle a le contrôle pour s’assurer que les pénétrations ne sont pas trop profondes ou douloureuses. Cette position permet aussi de se sentir dans une relation sexuelle un peu plus « animale », ou intense. On peut poser un oreiller sous le ventre pour enlever le poids que celui-ci peut causer, lorsque laisser dans le vide.
• Les petites cuillères : position où l’homme est couché sur un côté derrière la femme qui est elle aussi couchée sur un de ses côtés. Elle permet de se sentir très près l’un de l’autre et de prendre l’acte sexuel doucement. La pénétration n’est pas trop profonde, et la position demande peu d’effort physique. C’est donc parfait lorsque l’un ou les partenaires sont fatigués, mais ont quand même envie de faire l’amour.
• La balançoire et le cheval renversé : deux positions qui se ressemblent, mais qui offrent deux variantes. Dans la position de la balançoire, l’homme est assis, jambes allongées, et il se tient le torse haut à l’aide de ses bras. La femme est assise sur lui, mais de dos. La femme contrôle la cadence et la profondeur. Elle peut se soutenir, soit en plaçant ses mains sur le lit, entre les jambes de son partenaire, soit sur les jambes de son partenaire. Ou alors, elle peut s’amuser avec son clitoris sans que son partenaire le sache ! Cette position est préférable en début de grossesse, car vers la fin de la grossesse, le poids du ventre peut demander beaucoup d’efforts à la femme. Par contre, elle peut s’aider à l’aide de la tête de lit, et transférer une partie du poids sur le lit. Dans la position du cheval renversé, l’homme est complètement couché sur le dos, les jambes ramenées vers soi. Puisque ses mains sont libres, l’homme peut toucher les fesses ou le dos de sa partenaire. La femme est toujours sur le dessus, assise de dos sur son partenaire. Elle peut se retenir en plaçant ses mains sur les jambes de son partenaire, ou en utilisant une main pour toucher son clitoris encore une fois. L’homme aide sa partenaire en la soulevant avec la force de ses bras au niveau des hanches, et peut lui donner le rythme. La femme contrôle alors la profondeur de la pénétration. Encore une fois, cette position peut s’avérer plus difficile en fin de grossesse, car le ventre prend plus de place.
• L’union du lotus : position qui permet de rester face à son partenaire, elle permet donc l’échange de baisers ou de regards pendant l’acte sexuel. La femme est assise sur l’homme, jambes passant derrière lui, tandis que lui a ses jambes repliées sous elle. Cette position permet une pénétration profonde, mais attention, si la femme a des douleurs au ventre ou au bas du dos, il sera plus difficile d’apprécier la position. Si l’homme a besoin de faire de grands mouvements pour s’exciter, il est préférable de choisir une autre position, car elle restreint l’amplitude des mouvements.
Fantasmes
La communication est la clé du succès pour réaliser nos fantasmes. Vous pourriez y aller pour la surprise à 100 %, mais vous risquez de vous retrouver face à un refus d’aller plus loin dans votre désir. Pourquoi ne pas en parler d’avance avec votre partenaire ? Une petite discussion lorsqu’on est couché dans le lit en train de relaxer, ou autour d’une bonne coupe de vin. Ainsi, vous saurez d’avance ce qui peut être réalisé ou non, et lorsque vous déciderez de mettre votre plan à terme, il y a de fortes chances qu’il soit accepté ! Et pourquoi pas, une fois que vous êtes certaine qu’il voudrait, lui faire une surprise ?
Isabelle Delisle, stagiaire en sexologie
Centre La source en soi
www.lasourceensoi.com
Références
Borelli, Pamela. 2011. « Le sexocorporel au service du désir sexuel féminin pendant la grossesse ». Travail de mémoire en ligne. Université de Genève, certificat de formation continue en sexologie clinique. 63p. In Google Scholar. ˂http://www.unige.ch/formcont/site-sexologieclinique/MemPB2011.pdf ˃ Consulté le 3 octobre 2013. Costantini, Carolina. Février 2013. « Le Kamasutra de la femme enceinte » In Doctissimo. En ligne. < http://diaporamas.doctissimo.fr/sexualite/kamasutra-femme-enceinte/>. Consulté le 19 septembre 2013.