Comment faire pour que je sois heureux ou que je devienne quelqu’un de bien ? Ces questions sont plus que philosophiques et leurs réponses sont en partie de nature biologique et sociale. Pour vous permettre de mieux comprendre, laissez-moi vous parler du développement de mon cerveau et des effets de la stimulation sur celui-ci.
200 milliards de neurones
Lors des premiers mois de ma gestation, mon futur cerveau se développe rapidement. À partir de la deuxième moitié de la grossesse, mes 200 milliards de neurones commenceront à établir des connexions entre eux. Un seul de mes neurones doit en moyenne en créer 15 000 afin que mon cerveau atteigne son plein potentiel, d’autres devront en établir plus de 500 000. Je suis très occupé et mon environnement sombre et chaud me protège. Malgré la rapidité avec laquelle mon cerveau travaille, et grâce à l’évolution de notre espèce, 90 % de ces connexions se feront après ma venue au monde et principalement dans les 5 premières années de ma vie. Ma petite enfance et la façon dont on s’occupe de moi durant cette période est déterminante puisque mon cerveau se développe grâce aux différents stimuli que je reçois et aux réponses à mes différents besoins.
Une tête, trois cerveaux
Notre cerveau humain a évolué en trois grandes étapes. Le cerveau reptilien s’est développé il y a 300 millions d’années. Il contrôle les fonctions telles que la faim, la digestion et l’élimination, mais également réagit au stress en provoquant l’effet de fuite ou de combat. Cette partie de mon cerveau réagira si, par exemple, j’entends un bruit fort qui me fait peur. Le système limbique, centre de nos émotions, date d’il y a 200 millions d’années. Cette partie du cerveau me causera l’angoisse de séparation et me fera réagir en pleurant. C’est également à cette partie de mon cerveau que je dois ma sociabilité, mon enthousiasme, ma curiosité et ma colère. Le néocortex quant à lui est entre autres responsable du raisonnement, de l’empathie et de la conscience de soi. Cette partie plus récente de mon cerveau s’est développée il y a 200 000 ans au moment où nos ancêtres se sont dressés sur leurs pattes postérieures et ont commencé à fabriquer des objets. La position debout a diminué la taille du bassin et du canal des naissances et le néocortex a considérablement grossi celle de notre tête. Le résultat de ces transformations est que je dois finir ma gestation à l’extérieur du ventre -maternel. Le dilemme dans tout ça est que l’immaturité de mon -cerveau me rend très vulnérable à la stimulation et en même temps celle-ci est indispensable à mon -développement. Que doit-on alors comprendre de tout ça ? Le juste milieu ! Tout est question d’équilibre.
Ce dont j’ai besoin
Pour moi, la stimulation provient de toutes les choses qui m’entourent et implique tous mes sens. Lorsque vous me parlez, me regardez, me touchez, jouez avec moi, me permettez de découvrir mon environnement, m’aidez à me calmer ou répondez à mes besoins de façon appropriée, vous me procurez ce qui est nécessaire à la maturation de mon cerveau.
Pour nous les bébés, regarder votre visage est une stimulation très complexe et nous en raffolons. Cette action qui semble banale nous apprend à décoder les expressions faciales et les émotions qui s’y rattachent.
Votre voix est à mes oreilles la plus douce et la plus belle. Lorsque vous me parlez de cette voix haut perchée que vous prenez instinctivement, vous m’aidez à imiter le langage parlé. Mon tout petit larynx m’empêche de reproduire les sons plus graves.
Lorsque vous me souriez, je vous réponds fréquemment par un sourire auquel vous répondrez à votre tour en souriant. Votre toucher me sécurise et reproduit le confort de mon environnement intra-utérin. En me mettant en peau à peau vous m’aidez à calmer mon système nerveux central et à comprendre que le monde est un endroit sécuritaire.
En jouant avec moi, vous m’enseignez que la vie est amusante et agréable.
Toutes ces actions permettent de créer dans mon néocortex des connexions neurales et de sécréter des hormones de bien-être qui contrôleront mon cerveau reptilien et ma réponse future au stress.
Dans les faits, vous êtes ma plus importante source de stimulation et celle dont j’ai le plus grand besoin. Bien me sentir dans mon corps et mon cerveau passe d’abord par la sécurité de base menant au développement d’une relation affective sécurisante.
M’adapter pour survivre
La société ultra performante dans laquelle je suis arrivé crée une pression sur mon entourage et lui fait penser que je dois également performer. Ainsi le mythe du « bon bébé » persiste, et ce, malgré les connaissances scientifiques que l’on a. On veut faire de moi un « super bébé » qui fait rapidement ses nuits et qui pleure peu. De plus, toute une gamme de produits et de services est disponible pour me stimuler. J’ai cependant besoin de peu de ces artifices et activités et vous devez savoir qu’un trop-plein de stimulation, tout comme un manque, est néfaste pour mon système nerveux en développement. Mon cerveau est alors inondé d’hormones de stress, le cortisol, qui est toxique en trop haut niveau et cause la mort de mes neurones. Heureusement que nous les bébés venons au monde avec des mécanismes nous permettant de nous défendre contre certaines de ces agressions. Certains d’entre nous s’endormiront lorsqu’ils ne pourront plus faire face au trop-plein de stimulation, alors que d’autres se mettront à hurler de façon inconsolable, perdant leur contrôle émotionnel. Comprenez alors que nous avons besoin d’être retirés de cet environnement et avons besoin d’aide pour faire abaisser nos taux d’hormones de stress et faire sécréter celles de bien-être de façon à ce que notre corps et notre cerveau puissent se rééquilibrer. Cette réponse appropriée à mon stress permettra à mon néocortex d’établir des connexions neurales avec les plus anciennes parties de mon cerveau. Petit à petit, ces connexions me permettront de contrôler mes émotions fortes telles que la colère, la peur ou l’angoisse et me donneront les outils pour les analyser.
Nous sommes, nous les humains, des êtres sociaux et la socialisation est un aspect important de notre vie. Aussi important il est pour moi d’être et d’apprendre en votre présence, papa et maman, autant il est important pour vous d’être actif socialement. Cependant, observez mes réactions qui vous indiqueront si vos activités sont appropriées pour moi et si je suis capable de les gérer. Si je suis tranquille et heureux alors ça me va. Si je me suis endormi, ce pourrait être parce qu’elle est trop stimulante, mais que mon système nerveux est suffisamment mature pour m’en couper, alors ça peut toujours aller. Si je pleure, je peux vous indiquer que mes limites sont dépassées, que j’ai besoin de vos bras réconfortants et que l’on m’isole de toute cette activité pour un moment.
Ces réponses de votre part feront une réelle différence et permettront de m’accomplir en tant qu’être humain équilibré, sensible et empathique !
Merci à bébé Raphaël
Françoise Lefebvre
Accompagnante à la parentalité à La Source en Soi
Formatrice d’instructeur en massage pour bébé IAIM
Instructrice en massage pour bébé IAIM
www.massagebebeinfantmassage.net