Avez-vous le syndrome du papier de toilette? (La source en soi)

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mars 21, 2017

Avez-vous le syndrome du papier de toilette?

Cette expression, nommée ainsi avec une pointe d’humour, peut sonner terriblement familière pour nombre de femmes enceintes. Vous l’aurez deviné, elle fait référence à toutes ces fois où vous vous rendez à la toilette et… scrutez anxieusement et méticuleusement votre papier après utilisation. Y a-t-il du sang ? Des pertes anormales ? Si malheureusement il s’y trouve quelque chose que vous jugez peu orthodoxe, alors là, votre cœur fait trois tours… Cette tranche de vie vous parait tirée de votre propre histoire ? Eh bien, sachez que vous n’êtes pas seule (ni folle…) ! Nombre de femmes, particulièrement celles ayant vécu une fausse couche, « souffrent » de ce syndrome. Alors, comment se guérir ?

 

Tout d’abord, en reconnaissant, accueillant et considérant comme normale cette réaction que vous avez : oui, vous avez peur. Et vous avez sans doute une bonne raison. Peut-être avez-vous déjà perdu un bébé, et la tragédie avait probablement commencé ainsi. Peut-être aussi des femmes qui vous sont chères ont vécu cette terrible expérience, et vous pensez qu’elle peut aussi vous toucher. Le fait d’accueillir cette peur, avec toute la vulnérabilité et l’impuissance qu’elle met en lumière, permet de vous accorder de la légitimité. Ce n’est pas en banalisant ce que vous vivez que vous transformerez la manière dont vous vous sentez. Bien au contraire : cette émotion, elle remontera continuellement si vous la repoussez, si vous vous dites que vous ne devriez pas réagir de cette manière. Cette peur-là est normale et si vous l’expérimentez, c’est parce que pour vous, c’est une question de survie. Survie de l’enfant que vous portez, survie de votre projet, survie de votre maternité, survie de votre espoir, etc.

Depuis que le monde est monde, le stress et la peur qu’il engendre sont la réponse de l’humain pour assurer sa survie face à une situation perçue comme étant dangereuse. Rappelez-vous le mammouth : si nos ancêtres arrivaient à prendre leurs jambes à leur cou à une vitesse vertigineuse, c’était parce qu’ils expérimentaient la peur. Le cocktail d’hormones qui jaillissaient dans leur sang d’un seul coup fournissait à leurs membres la force de combattre ou de s’enfuir à toute vitesse. Bien que les temps aient changé, la réponse humaine demeure la même. Si votre cerveau réagit comme ça face à votre papier de toilette, c’est qu’il interprète qu’il y a un danger duquel vous devez vous protéger. La réaction normale et naturelle est donc activée, tout simplement. S’il est ambitieux d’aspirer à changer votre réponse humaine face au danger, il est toutefois possible de modifier votre perception de votre situation. Comment pouvez-vous la voir autrement qu’une situation épeurante et dangereuse, autrement qu’une question de survie ?

Cette nouvelle histoire est unique

Une fois la peur accueillie, on peut remettre les choses en perspective et la tension redescend un peu. Oui, vous portez un enfant. Un enfant qui est déjà un individu unique, avec son histoire bien à lui. Peut-être a-t-il un frère ou une sœur décédé(e) avant lui, mais lui, il est quelqu’un d’autre. Il n’est pas cette première histoire. Remettons donc chacun dans ses bottines : vous êtes la mère et vous portez un enfant unique, à l’histoire unique et distincte de votre histoire passée.

Votre enfant est vivant, aussi. C’est donc dire que c’est lui qui fait battre son cœur. Pas vous. Et d’ailleurs, cet être humain, lorsqu’il sera né, continuera d’être indépendant de vous. Long de quelques centimètres, ce tout petit être incarne à la fois la fragilité et la toute-puissance : cet enfant détient le pouvoir sur sa propre vie. Vous, vous êtes le nid, le berceau accueillant et aimant qui permet son développement. Vous rendez possible la croissance de cet être humain, mais en aucun cas vous ne le contrôlez. Vous ne pouvez donc pas, humainement, porter sur vous la responsabilité de sa survie.

Le syndrome du papier de toilette, il peut aussi se guérir en vous créant votre propre sécurité et en vous autorisant à la vivre. Celle dont vous rêvez est évidemment la garantie que tout ira pour le mieux, mais cette garantie-là, personne ne vous la donnera, évidemment. Ni au début ni à la fin de la grossesse. Par contre, il en existe une autre forme que vous pouvez développer : c’est la conviction que vous possédez tout en vous pour faire face à la suite de votre grossesse, quelle qu’en soit l’issue. La sécurité vient de l’intérieur de soi, elle est le filet de sécurité que vous installez et qui fait en sorte que même si vous perdez pied temporairement, vous savez que vous remonterez. Parce que vous avez ce qu’il faut, là en dedans.

Une fois intégré le fait que vous ne contrôlez pas cette vie qui croît en vous, et convaincue que vous avez tout ce qu’il faut pour faire face à la suite (même si ça implique un nouveau deuil), alors votre expérience commence sérieusement à se transformer (et vous avez ce pouvoir !).

Un sens nouveau pour le reste de votre grossesse

Ce changement de perspective crée donc un tout nouvel espace pour accueillir cet enfant à un autre niveau, pour vous ouvrir à quelque chose de plus grand, pour quitter le registre de la raison, du rationnel, des probabilités et des risques d’un point de vue objectif et médical. Votre grossesse est bien plus que cela ! Elle est un moment pour célébrer votre féminité et votre maternité, pour célébrer le fait que la vie se manifeste à travers vous et vous sentir honorée qu’un nouvel être se pointe le nez dans votre vie et contribue à vous faire grandir.

Alors, la prochaine fois que vous surveillerez votre papier de toilette, rappelez-vous que vous êtes un témoin privilégié et aimant de la vie qui est possible grâce à vous. Vous êtes une mère qui, déjà, place les bases de sa relation avec son enfant, et ce, même si sa vie était plus courte que vous ne le voulez. Une mère qui laisse à son enfant la possibilité de suivre son propre chemin et reconnaît l’unicité de son histoire. Une mère qui a compris dans son cœur et ses tripes qu’aimer, c’est accepter en toute humilité la vulnérabilité qu’on ressent lorsqu’on reconnait pleinement à l’autre sa liberté.

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ANNIE ÈVE GRATTON , Coach PNL 
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Membre de l’Association RITMA   |   Membre de la SICPNL