Quel parent n’a pas eu peur de cette période, ou a espéré que son bébé n’en fasse pas? Il est souvent pensé que les coliques sont une étape incontournable de la vie de bébé. Dès que le bébé pleure, on se dit : « Ça y est, il fait des coliques ! » Essayons de démystifier ce phénomène. Pour cela, il est essentiel de comprendre le système digestif
du nouveau-né et son développement.
L’évolution du système digestif du nouveau-né
Le bébé humain naît immature, même celui qui naît à terme. Le système digestif, le cerveau et le système immunitaire du bébé humain sont inachevés à la naissance. Le lait maternel vient aider à finaliser ce développement de façon optimale grâce aux facteurs de croissance et aux hormones qu’on y retrouve.
Aussi, il ne faut pas oublier que le bébé est nourri de façon continue et passive pendant la grossesse, mais doit ensuite apprendre à se nourrir de façon discontinue et à participer de plus en plus activement. Il y a donc une période d’adaptation à la vie extra-utérine et au nouveau mode d’alimentation. Pour rendre cette transition plus douce, il est recommandé d’allaiter le nouveau-né à chacun de ses réveils. Comme tout apprentissage, cela se fait sur une longue période et avant que l’enfant mange à des heures fixes comme nous. Cela prendra plusieurs mois et il aura besoin d’un plus grand nombre de repas pendant plusieurs années, avec des collations en plus des trois repas principaux.
Son système digestif doit aussi se développer pour apprendre à digérer la nouvelle nourriture. Le lait maternel est bien fait, car il fournit les enzymes pour faciliter la digestion et les facteurs de croissance qui permettent au système digestif de se développer. Tant que l’enfant est allaité, sa digestion en sera donc facilitée. C’est pourquoi il est recommandé d’allaiter exclusivement jusqu’à 6 mois et de poursuivre l’allaitement jusqu’à 2 ans et plus, pour faciliter la digestion des nouveaux aliments solides introduits.
Le bébé doit enfin apprendre à « éliminer ». C’est tout un apprentissage, une adaptation à de nouvelles sensations. Les muscles doivent se développer ainsi que le contrôle de ces derniers. C’est pourquoi le lait maternel est laxatif pour faciliter la digestion et l’élimination. Le sphincter entre l’œsophage et l’estomac n’est pas encore assez fort à la naissance pour rester fermé. Il a de fréquents moments de relaxation qui favorisent la remontée du contenu de l’estomac vers l’œsophage. Aussi, la vidange de l’estomac se fait plus lentement tout comme la mobilité intestinale, le temps que les muscles se renforcent. Enfin, la position horizontale fréquente du bébé empêche la gravité de faire son travail.
Chacun a un degré différent de sensibilité aux nouvelles sensations ressenties dans le système digestif. Par exemple, un bébé peut être très sensible, voire inconfortable, à chaque gaz qui circule, un autre n’en fera pas de cas. Avec le temps, le bébé s’habitue à ces nouvelles sensations.
Qu’est-ce que les coliques?
Un bébé qui fait des coliques est irritable de longues périodes, de façon récurrente et démontre un inconfort certain. Avant de dire qu’il s’agit de coliques, il faut faire une bonne évaluation de la situation pour éliminer toutes les autres causes possibles. Celle-ci peut être faite par une consultante en lactation IBCLC qui saura protéger l’allaitement et un médecin pour éliminer des causes médicales. Cependant, les coliques demandent rarement une intervention médicale.
Les coliques se définissent comme des pleurs intenses surtout en fin de journée ou en soirée et souvent aux mêmes heures. Plus précisément, les pleurs durent au moins 3h de suite, pendant 3 jours consécutifs et durant 3 semaines de suite.
Les coliques sont plus fréquentes entre les 2 premières semaines de vie et 4 mois, avec un pic autour de la 6e semaine. Environ 20 % des bébés vivront des coliques, allaités ou pas. En effet, le mode d’alimentation ne semble pas changer les risques.
Il ne faut pas perdre de vue que le lait maternel est la nourriture la plus adaptée pour le nouveau-né humain, la plus digeste et celle qui favorise le meilleur développement du système digestif. Le lait maternel n’est donc pas la cause des coliques et l’allaitement exclusif reste à privilégier les 6 premiers mois de vie. L’alimentation de la mère est très rarement en cause (5 % des bébés). Avant de la modifier, il est donc important de consulter pour ne pas le faire pour rien et pour éviter des carences alimentaires ou un sevrage précoce et inutile de l’allaitement maternel.
Comment aider un bébé à coliques ?
Plusieurs choses peuvent aider un bébé qui fait des coliques. Il faut d’abord s’assurer que ses besoins primaires sont comblés adéquatement : le bébé vient de boire et est rassasié, sa couche est propre, il est habillé adéquatement pour la température et il est dans un environnement calme tant pour la lumière que le bruit. L’allaitement maternel exclusif à chaque réveil va aider à diminuer les pleurs.
Ensuite, en offrant des activités tactiles positives, le bébé peut être plus calme et moins disposé à faire des coliques. Pour cela, plusieurs options sont possibles : le contact peau à peau, le portage, le massage ou le bain. Veuillez vous informer auprès de personnes compétentes en techniques de massage ou en portage pour apprendre des techniques spécifiques. Mettre bébé sur le ventre au sol quand il est éveillé ou en position anti-coliques (couché à plat ventre sur un avant-bras, avec sa tête dans le creux du coude) peut le soulager des sensations inconfortables.
Tous les trucs qui calment un bébé qui pleure peuvent être essayés. Pendant votre grossesse, faites une liste de ces trucs, sans vous censurer, tant que ce sont des idées sécuritaires pour vous et votre bébé ! Quand vous serez confrontés aux pleurs de votre bébé, vous n’aurez qu’à consulter cette liste et à essayer les trucs, les uns après les autres. Vous finirez par trouver ce qui calme le plus votre bébé et ce que vous préférez comme technique. Enfin, n’hésitez pas à rajouter sur cette liste des numéros de téléphone. Cela peut être des amis ou des membres de votre famille qui sont prêts à vous aider, à prendre le relai dans ces moments difficiles. Cela peut être aussi les ressources disponibles (voir à la fin de l’article, la liste des ressources).
Les coliques ne demandent pas nécessairement une intervention médicale, mais les parents devraient aller chercher de l’aide pour traverser cette période qui peut être épuisante et très difficile à vivre psychologiquement. Les parents vivent souvent un fort sentiment d’impuissance et d’incompétence, qui mérite une attention particulière. La période des coliques peut amener les parents à vivre une dépression post-partum et peut favoriser le syndrome du bébé secoué. Il est donc important de ne pas rester seul avec ces inquiétudes, la fatigue vécue lors de cette période n’aidant pas. Cette situation peut être très difficile à vivre pour un nouveau parent qui est aussi en période d’adaptation et d’apprentissage de son nouveau rôle.
Et surtout, n’oubliez pas, cette période finit par passer !
Marie-Caroline Bergouignan
Consultante en lactation IBCLC
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